Le bilan du premier mandat d’Hassan Rohani qui a fait campagne avec la promesse de mener à bien des réformes pour une ouverture sociale, s’illustre par une totale désolation en terme d’avancés. Son deuxième mandat n’augure par un avenir radieux pour les libertés. Après la présidentielle, le système judiciaire des mollahs a repris les exécutions de plus belle. La machine meurtrière doit en effet toujours tourner en Iran, un moyen de faire comprendre à la jeunesse qu’ils doivent oublier toute velléité de révolte.
Alors que selon Amnesty International, « l'Iran est également le premier pays dans le monde pour les exécutions des mineurs », « l’outrage au Guide suprême, la corruption sur terre et l’inimitié à l'égard de Dieu » restent inscrites dans la législature iranienne à l’égard des opposants politiques et des vrais réformateurs.
Depuis des années, le régime iranien tente cependant de faire croire à l’Occident qu’il existe un mouvement réformiste prometteur en Iran qui nécessite ses encouragements par une complaisance et une inaction face à ses violations des droits et libertés dans ce pays. Cette propagande dissimule que le Guide suprême iranien détienne tous les pouvoirs exécutifs, et que le président n’est qu’un paravent « modéré » pour amadouer l’occident et attirer les investissements qui manquent cruellement à l’économie iranienne.

La récente élection et le tabou
La candidature d’Ebrahim Raïssi à la présidentielle du 19 mai en Iran a brisé un tabou en Iran et fait ressurgir au grand jour l’une des épisodes les plus sombres de l’histoire contemporaine de ce pays. Raïssi est l’un des quatre hauts fonctionnaires des appareils judiciaires et du Renseignement nommés par Khomeini pour l’exécution de son décret concernant le massacre des Moudjahidine du peuple en 1988, qui causa la mort de plus de 30 000 prisonniers politiques.
Ebrahim Raïssi faisait partie de la « commission de la mort », accusée par Montazeri, alors successeur désigné de Kohmeini, de criminelle. : « Ces exécutions sont les plus grands crimes commis par la République islamique », affirme Montazeri dans un enregistrement diffusé il y a quelques mois. Or, Raïssi fut l’un des membres les plus impitoyables et les plus actifs de cette commission et joua un rôle crucial dans l’un des plus grands massacres de l’histoire du pays. Il montra sa loyauté envers le régime en veillant à ce que les châtiments, par exemple les amputations des mains et/ou pieds des condamnés, et les sentences de mort, soient exécutées le plus vite possible. En 2011, il affirma que l’amputation de mains était l’une des plus grandes sources de fierté pour lui.
Depuis la diffusion d’un enregistrement audio l’année dernière, où l’on entend les membres de la « commission de la mort », chargée des exécutions de 1988, confirmer leurs crimes, le régime tremble et redoute un soulèvement de la population. En effet, aucun responsable du massacre n’a encore fait l’objet d’une enquête ou n’a été déféré à la justice. Certains responsables de cette atrocité, qualifiée par Amnesty International de « crime contre l’humanité », occupent encore des postes clés au pouvoir, et le peuple demande des comptes.
Les mollahs ont de plus en plus de mal à éviter le sujet et redoublent d’efforts pour tenter de dissimuler ce sinistre épisode. Dans un récent rapport, Amnesty International et Justice for Iran signalent que certaines fosses communes sont détruites, par exemple la fosse commune d’Ahvaz, où des bulldozers en plein chantier ont été photographiés et filmés. Les familles des victimes, privées de la possibilité d’offrir une sépulture à leurs proches et de leur droit à la vérité, et tourmentées par les autorités, sont de plus en plus mécontentes. Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International, considère que les « autorités iraniennes doivent veiller à ce que les sites des fosses communes des exécutions massives de 1988 soient préservés et protégés jusqu'à ce que des enquêtes indépendantes et dignes de ce nom puissent être menées. Les familles ont le droit de savoir ce qui est arrivé à leurs proches et de les enterrer dignement. »

De son côté, le guide suprême a exprimé sa colère à l’égard du mouvement pour la justice dans les massacres de 1988. « Les places du martyr et du bourreau ne doivent pas être interverties », a-t-il déclaré. Il passe sous silence que les « bourreaux » de Khameini comprenaient des femmes enceintes, des femmes septuagénaires et de nombreux mineurs, parfois de seulement 12 ans.

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